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 La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu’on l’aime de toute son âme, et qu’on n’est jamais tenté de lui être infidèle. »
 
Quand j’ai lu ce témoignage d’amour, j’étais en CM2, dans une des classes libanaises où je vouais déjà à cette langue une admiration au moins aussi fervente que celle d’Anatole France.
 
Quand je suis venue habiter dans l’Hexagone, j’avais 27 ans et le cœur plein d’allégresse. 
Bien qu’au Liban, le français se mélange aisément aux discussions qui prennent des allures surréalistes, mêlant plusieurs langues dans une même discussion, mon coeur était rempli d’allégresse à l’idée de pouvoir pratiquer auprès de « vrais » français leur langue mélodieuse, cette langue de l’amour, cette langue analytique qui à bien d’égards structure la pensée, cette langue internationale pour la cuisine, la mode, le théâtre, les arts visuels, la danse et l’architecture. 
 
Cependant, à mon arrivée à l’aéroport, le choc fut brutal. 
« Putain. Fait ch***. On va être en retard. Ça me casse les c***».
C’est avec ces tendres mots qu’un ado impatient s’adressait à son amie dans la file d’attente.
Je m’en suis amusée avec tristesse.
 
Plus tard, quand je tenais des discussions, j’avais du mal à me faire comprendre, non à cause de mon accent fort prononcé des débuts et les « r » que je ne savais pas encore rouler, mais à cause des
« mots-dictionnaire » que j’employais et qui suscitaient la surprise ou la dérision. 
Souvent les deux à la fois. 
 
 
Vite, je me rendis compte que le français était rongé en silence par un mal pernicieux, et pour m’adapter et bien m’intégrer dans mon nouveau pays, il fallait que je « fasse des efforts. », que j’oublie la rigueur de ma scolarité à l’étranger pour m’adapter à un autre français, au sein de même de la France. 
 
Ainsi, à contrecœur, les mots « bagnole », « bouffe » ou « pote » firent leur entrée dans mon nouveau vocabulaire. Les raccourcis « Petit-dej », « grasse mat » ou « Bon app » aussi. 
 
Mais l’effroi le plus saisissant fut la découverte de toutes les « fotes d’ortograf » qui massacraient sans vergogne ma belle langue adorée. 
 
Ainsi, je pus constater avec stupéfaction que dans le pays de l’égalité, un système inégalitaire s’était installé, où la même langue était parlée différemment selon le quartier où l’on se situait, le milieu dans lequel on évoluait. 
 
Aujourd’hui, peut-on encore parler du «génie» français, du «pays de Descartes» ou de notre «exception culturelle»? Une série d'études internationales soulignent le vertigineux et tragique déclin du niveau scolaire Français.
 
On oublierait ainsi que le français reste une langue vivante par sa capacité à rassembler des gens de cultures différentes et de pays différents, puisque - pour ne citer qu’un seul exemple - le français est la troisième langue sur Internet, après l’anglais et l’allemand et avant l’espagnol.
 
Je ne prétends pas avoir une solution miracle ni de maîtriser le Français à la perfection. Loin de là. Seulement, j’aime cette langue qui a façonné mon amour pour la lecture et pour l’écriture, qui m’a ouvert des horizons insoupçonnés, qui a fait de moi une personne ouverte à d’autres cultures et à d’autres sociétés. Je suis passionnée par son élégance et sa complexité. 
 
C’est la raison pour laquelle il me semble urgent d’agir pour sauver cette brillante langue du déclin et que le meilleur moyen réside dans la lecture; les parents, de plus en plus frileux, doivent résister pour transmettre à leurs enfants. dès le plus jeune âge, l’amour de cette langue.
 
Chacun de nous doit lire, car la lecture est une lumière pour nos esprits, un acte de résistance dans un monde trop pressé. 
 
La France, le pays des révolutions, doit agir pour contrer le poids de ce déclin et sauver son identité linguistique au sein même de son territoire. 
 
Pour conclure, une grande question se pose: le Français, le vrai, serait-il une espèce de langue en voie de disparition ? J’aime croire que la réponse est non. Une langue avec une histoire si chargée, portant toujours l’étendard de tant de valeurs, reste porteuse d’un certain avenir et même d’un avenir certain. 
 
Un avenir en France ou bien à l’étranger? C’est là toute la question...
 
Qu’en pensez-vous?
 

 

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